Une Interview avec Manuel Valente

Manuel  Valente, ingénieur Bitcoin à la Maison du Bitcoin à Paris nous accorde cette interview :

Comment expliquez vous la forte expansion et l'engouement mondial que connaît le Bitcoin alors que beaucoup d'autres alternatives monétaires restent dans l'ombre?

-Tout simplement parce que le Bitcoin est issu d'un nouveau concept, en partant de rien il ne peut connaître qu'une forte expansion. Il est aussi la PREMIERE alternative monétaire à visée mondiale : les autres alternatives tiennent souvent du local et n'ont donc pas les moyens ni le but de s'étendre à l'international tandis que celles restantes sont bien souvent des altcoins dérivés du Bitcoin et sans innovations majeures par rapport à celui-ci, il n'y a donc pas de raison pour que le Bitcoin soit délaissé par rapport à celles-ci.

Pensez vous qu' un jour le Bitcoin sera banalisé au même titre que les autres systèmes de paiements sachant que sa masse monétaire est limitée et que la population non  ?

-Là on a un faux problème médiatisé. Il est vrai que le Bitcoin est limité puisque sa production se stoppera à 21 millions. Il est aussi vrai que la population mondiale augmente sans cesse. Mais on rejoint ici le même schéma que pour l'or. L'or est limité en quantité et on l'a toujours utilisé au fil des millénaires malgré la croissance démographique. Son prix (coût) a tout bonnement augmenté progressivement jusqu'à se stabiliser. Pour le bitcoin, c 'est la même chose déjà entamée. Sa valeur augmente en même temps que sa demande et connaît des phases de stabilisation. Il s'auto-règulera et se stabilisera au bout d'un certain temps sans même que l'on intervienne. Une banalisation est donc possible.

Quant on voit que certains états interdisent ou mettent en place une législation dure sur le bitcoin, peut on encore penser à un avenir ?

-Oui car les législations rudes ne sont que très peu nombreuses. La Thaïlande est revenu il y a peu sur son interdiction et même si la Chine maintient sa politique austère envers le Bitcoin, elle n'exerce en fait que sa politique monétaire voulant garder sa monnaie à l'intérieur même du pays : Il est impossible que ma banque puisse changer mes euros en …..... Finalement seule la Russie s'oppose à la tendance mais avec la chute du Rouble on est en droit de se demander pour combien de temps...

Est-ce vraiment une monnaie si décentralisée que ça puisque finalement se sont les miners qui surveillent et controlent le réseau ?

Oui car n'importe qui peut devenir miner en achetant un matériel suffisamment important. Et il faut une approbation de ces mêmes miners pour appliquer un changement du code source des bitcoins. Le pouvoir ne réside donc pas dans les mains du émetteurs du code source et les miners doivent voter un changement ou une mesure. Il n'y a donc aucun organisme central mais bien une décentralisation parfaite.

Le bitcoin, facteur du libre échange ?

-Oui c'est un facteur du libre-échange et non pas une conséquence de celui-ci, il ne faut pas oublier que ce projet a nécessité des années de préparation et pour répondre à une problématique de centralisation. Ce n'est qu'après son lancement qu'une optique plus vaste a été envisagée.

Mais tout ceci est il vraiment sûr ? Même si le réseau est surveillé, nous ne sommes pas à l'abri d'une attaque informatique sur les plateformes de change..

-Ce n'est pas sans faille bien évidemment. Une attaque informatique est loin d'être impossible mais cela reste quand même un système beaucoup plus sûr que celui classique car on connaît les failles et que le réseau est constamment sous surveillance. Si bien que pour mettre en péril le réseau il n'y a que deux manières : « hacker » le code source, mais des mesures seront prises par les miners dans les 30 secondes suivantes ou bien un monopole des transactions orchestré par le mineur prépondérant ( miner produisant le plus de bitcoin ) mais cela serait sans intérêt pour lui car il y gagnerait moins que de garder sa position.

Le bitcoin est il capable de s'imposer comme une monnaie durable à l'échelle internationale ?

-Je dirai oui, mais cela dépend beaucoup de son adoption par les différents états et du grand public... Plus qu'à espérer donc...